mardi 31 mai 2011

Interdites d'obsèques


  Bientôt ca sera l’anniversaire de la mort de mon grand-père. Un bien triste souvenir où j’ai encore du  supporter des traditions qui me sont incompréhensibles.
  Après un long combat contre un cancer des poumons du à son addiction au tabac, mon grand-père perdit la vie.
  Il était 17h quand le médecin le déclara mort, ma tristesse était énorme, je ne pus retenir mes larmes et mes soupirs, je n’avais qu’une envie c’était d’aller le voir une dernière fois… Me dirigeant vers sa chambre, je sentais encore l’odeur de son parfum qui parfumait encore le couloir de la maison. Dès que je mis le pied dans la chambre une cousine s’adressa à moi « viens », elle m’emmena dehors  «  Tu sais ? Tu es une jeune femme maintenant (à l’époque j’avais 16 ans), il n’est pas tolérable que tu entres dans la chambre d’un mort dans cet état. Commences donc par te couvrir les cheveux, les femmes non voilées éloignent les anges. Et arrêtes de soupirer en pleurant, à cause de toi le mort ne pourra pas entendre le courant »
  Bien que je trouvais ces règles insensées et dépourvues de logique, je m’y suis pliée. J’étais prête à tout pour voir mon grand-père une dernière fois et lui faire mes adieux.
  Le lendemain, on allait porter le corps de mon grand-père pour l’enterrer dans un cimetière proche. J’avais prévenu mon père que je voulais les accompagner « cela ne se fait pas ma fille, c’est une affaire d’homme ». J’ai demandé à ma mère, mon oncle, ma grand-mère… toujours la même réponse. La maison se remplissait peu à peu. Et voilà que le corps de mon grand-père posé sur une plaque de bois, que portaient sur les épaules une dizaine d’homme, quitta la maison avec derrière une foule énorme. Mon père, mes oncles, les cousins, les voisins, des amis, des proches et même des inconnus étaient là. J’ai essayé de les rejoindre. Je me suis effondré en larmes, je n’arrivais pas à concevoir le fait qu’on m’empêche de faire mes adieux correctement à un être qui m’est cher. Sur le coup, je perdis conscience pendant quelques secondes puis je dormis pour reprendre un peu de force. Une fois réveillée, tous ces hommes qui étaient à l’enterrement étaient là pour diner. Et j’ai entendu une tante qui m’appelait  « Hé toi gamine, viens nous aider pour apporter à diner aux hommes »
  ‘’ Les hommes ‘’ voulait-elle dire ces inconnus ou plus ou moins proches de notre famille qui, eux, ont pu faire leurs adieux à mon grand-père et pas moi ? Ces hommes, étaient-ils élevés dans le berceau que m’a fabriqué mon grand père de ses propres mains ? Etaient-ils chaque jour conduit à la crèche sur le vélo de mon grand père ?  Connaissaient-ils rien qu’une seule histoire de toutes celle que m’a raconté mon grand père ?......
  Plus tard au fil des années, j’ai compris que ne pas pouvoir aller au cimetière lors de l’enterrement d’un être cher est loin d’être la seule injustice envers les femmes dans notre société.  

6 commentaires:

  1. t'as réussit à m'émouvoir encore une fois ...

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  2. ça me rappelle le décès de mon grand-père mort il y a quelque mois...Au fond de moi je porte encore le deuil et à cause de ça je suis atteinte d'une mélancolie atroce et insupportable.

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  3. une personne qui s'eteint c'est malheureux pour nous
    une personne qui s'eteint seule sans avoir ses proches ( hommes et femmes ) lors de son enterrement, c'est malheureux pour le décédé

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  4. comme toi, on m'a privé d'assister à l'enterrement de mon grand-père et ça m'est resté en travers de la gorge, alors à la mort de papa, des années après, j'ai tenu bon, mais tenu bon, pas lâché une seconde... et j'y suis allée contre vents et marées !

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