J’écoutais « how i wish you were here » des pink floyd, seule sur mon chemin du retour. Arrivée a mi-chemin, un choc traversa mon corps c’était comme si on m’avait électrocuté.
J’ai mis quelques secondes avant de saisir, c’était bien une main qui s’est posé sur mes fesses et qui était en train de me tripoter. J’ai vite réagi en l’attrapant par le poignet, il a glissé ses doigts entre les miens, j’étais sous le choc, je ne savais pas quoi faire…. J’ai crié « 3chéch ta3mali hakka ? Cha3matlek éna ? (Pourquoi tu me fais ça ?)» il a retiré sa main de la mienne et il a dit « chbiha yé5i ? mahboula ? (elle est folle ou quoi ?) » Et il s’est mis à marcher de plus en plus vite, alors j’ai commencé à courir et à crier… Je l’ai attrapé une fois, il s’est enfuit, la deuxième fois il s’est enfuit aussi et puis j’ai continué à courir et à courir et lui il s’éloignait de plus en plus de moi. Il a pris la fuite comme un criminel, ce qu’il est d’ailleurs.. Et bien sur puisque je ne suis qu ’’ une fille à talons accroché a son sac de marque ’’ je ne pourrais jamais tenir tête en course a pieds à un jeune pervers en pleine forme plus de 5 minutes. J’ai su que je n’allais jamais le rattraper, j’étais essoufflée, indignée, dégoûtée, mais surtout j’avais la rage….
Pendant tout ce temps je n’ai pas arrêté de crier et pleurer au beau milieu de la rue, oui moi, celle que vous connaissez, la non-chalente et je-m’en-foutiste. J’étais là comme une folle « 3lech ya3mlouli hakka ? 5ater éna mra ? chnaya dhanby éna ? (pourquoi on me fait ça, c’est parce que je suis une femme ?)» Un discours qui ne me correspond même pas, je ne sais pas d’où sortaient les mots. Je ne pouvais me contrôler.
Et forcément quand j’avais besoin d’aide pour l’attraper, personne ne m’avait aidé. Mais une fille qui se donne en spectacle dans la rue, tout le monde s’en mêle. Je me suis retrouvé au beau milieu d’une foule de gens qui me demandaient si j’allais bien, si j’avais besoin d’aide, d’argent, s’il m’avait pris quelque chose.. Et ben vous voulez savoir ce qu’il m’a pris ? Il a pris ma dignité car je me sentais sale, il a pris ma féminité car je me sentais objet, il a pris mon humanité car je voulais le tuer…Fatiguée, je me suis assise sur le trottoir et la foule ne partait toujours pas, j’ai pris une bouteille d’eau glacée qu’on m’a tendu, j’ai bu, j’avais besoin de me rafraîchir le corps et les idées… Puis je suis repartie, j’avais l’espoir de le retrouver, j’ai demandé a tous les commerçants de la rue, aux serveurs des cafés et même au passants s’ils avaient vus quelqu’un passer par là en courant, bien sur personne ne l’a vu, et au lieu de me donner une piste, tout le monde me demandaient pourquoi je pleurais, j’ai compris que je n’allais pas le retrouver, mais j’ai continué a marcher dans une direction inconnue.
Comment me rendre justice ? Voila tout se dont à quoi j’ai pensé toute la journée… Tout ce que j’ai pu faire c’est écrire ces quelques lignes pour dénoncer ce qui m’est arrivé et ce qui arrive sans doute tous les jours à des centaines de femmes qui gardent le silence.
Ecrit le 13 avril 2011, quand je n’osais pas encore partager mes textes avec vous.