lundi 1 août 2011

A mon grand-père


Il fut un temps ou le premier jour de ramadan on le passait en famille, avec mes oncles, mes tantes leurs conjoints et leurs enfants chez mes grands-parents. On cuisinait toujours du poisson frais, du poisson que mon grand-père pêche lui-même au lac de Bizerte. On passait la soirée à parler de tout et de rien. Grand-père nous parlait souvent de ses aventures en France, là ou il a passé une dizaine d’années, de la femme qu’il a connu et aimé pendant un voyage en train, de sa première rencontre avec son père, un père qui l’a abandonné et qui l’a rencontré par hasard 30 ans plus tard…. Je ne l’écoutais pas, je dévorais ce qu’il disait, chacun de ses mots est encore gravé dans ma mémoire.
Papy est un homme grand, fort, qui a 80 ans n’a toujours pas de cheveux blancs. Papy n’a jamais souffert de problèmes de santé, il avait arrêté de fumer depuis des années, et les médecins, il ne connaissait pas. Il faut croire que nager chaque jour, quelque soit la saison, une heure ou deux, à 5H du matin épargne beaucoup de problèmes de santé, mais pas le cancer apparemment.
Début 2011, grand-père commence à ressentir des douleurs, il a mal partout, lui qui ne se plaint jamais. Bien sur on l’a emmené tout de suite voir des médecins, faire des analyses, des radios, des examens et tout ce tralala. Le diagnostique n’était pas facile à digérer, il s’avère qu’il a un cancer métastasé, un cancer qui est parti de la prostate pour atteindre les poumons et les os, il souffrait sans doute depuis de mois, voire des années, mais il avait gardé ça pour lui, il n’avait jamais rien dit à personne. Le verdict était sans merci, il est en phase terminale, la médecine ne pouvait pas le guérir. On ne pouvait qu’apaiser ses souffrances avec de la morphine.
Depuis son état ne fait qu’empirer, à chacune de mes visites je me rends compte qu’il va de plus en plus mal, il maigrit de plus en plus, il perd sa motricité, il ne peut plus se déplacer, il perd la parole, on n’arrive plus à distinguer ses gémissements de ses mots.
Je lui ai rendu visite hier, un baiser sur le front, c’est tout ce que j’ai pu partager avec lui avant de me réfugier dans une chambre et éclater en sanglot alors que je l’entendais gémir et vomir tout son corps.

Papy
Aujourd’hui, c’est le premier jour de ramadan, et je te rends visite, comme des dernières vingtaines de ramadans dont je me souviens. Sauf que cette fois, je crains vraiment que ce soit ma dernière visite, je crains que ce soit la dernière fois que je te vois en vie. Tout ce que je sais c’est que je suis là ; je te regarde souffrir le martyr, gémir, crier comme tu ne l’a jamais fait avant. J’aurais tout donné pour t’épargner cette souffrance. Mais tout ce que je peux faire c’est espérer, espérer que tu partes vite et que tu souffres moins. Et même si tu vas partir, je te garderai toujours en moi. Je raconterai toutes tes histoires à ma progéniture, je les écrirai s’il le faudrait. Je t’oublierai certainement de temps à autre, trop prise par mon quotidien, trop occupée par cette vie ; mais je garderais toujours sur moi cette photo, ou tu me prends dans tes bras juste là, dans cette chambre, là ou en ce moment tu es entrain de t’éteindre petit à petit. Cette photo me rappellera quelle personne forte et généreuse tu étais.
                             Je t’aime




En l’honneur de Baba Ali…
On est jamais assez vieux pour souffrir
On est jamais assez vieux pour partir


6 commentaires:

  1. Ton texte est émouvant, captivant ...

    J'en ai les larmes aux yeux, ta relation me rappelle la mienne. Chaque personne devrait écrire une lettre à quelqu'un de cher :) Bref, très joli texte !


    Amicalement, M.S

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  2. La vie est parfois, non souvent cruelle. Du courage, c'est tout ce que je vous souhaite à tous les deux

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  3. Je viens de perdre ma grand-mère qui était ma mère aussi...des mois et des années de souffrance et déchirement...t'as bien fait de vomir ta peine...Courage et foi c tout ce que je peux te souhaiter

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  4. MBR :
    je ressens le méme chagrin moi aussi g perdue ma grnad mere le jour de mon annif .. bon courage c la vie ... tu c ce que j'aime en toi le plus c que quand tu écris tu t'evade dans un univers sans frontieres sans limites .. tu écris avec tt tes senstiement ta souffrance parfoi tu donne une vie au texte que tu entrain d écrire ..sans réfléchir spontanément tu crée des ouvres

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  5. sa7a likom elkolkom . èna ma 7assit bchay ! 7ad mil familiya mtè3i wella mil entourage yestèhel bech yet7ab hhhh . ama normal, ysir 3la errjèl hhh .
    Filledérangée, tetsamma 3andek barcha zhar 3raft insen w twaselt m3Ah 3la mostawa rou7i w dhihni 3ami9. :))

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